[MEMOIRE] Retour en images sur la visite émouvante sur le lieu de déportation de Toussaint Louverture le 7 avril 2019

[MEMOIRE] Retour en images sur la visite émouvante sur le lieu de déportation de Toussaint Louverture le 7 avril 2019

#haiti #toussaintlouverture #chateaudejoux #7avril1803 Haïti n’est pas le seul pays à être concerné par l’action et le
rayonnement de Toussaint Louverture : sa révolte contre l’esclavage est exemplaire et c’est l’ensemble de l’humanité de la terre entière qui a bénéficié de l’ouverture des Droits Humains à tous, quelle que soit leur origine ou leur couleur.
L’organisation de cette sortie a été assurée par notre association Lyon Haïti Partenariats conjointement avec AFRICA 50. Le 7 avril 2019 au matin, nous nous sommes retrouvés à la gare de la Part-Dieu pour prendre un car retenu de longue date, et partir en direction de Pontarlier (25) et du Fort de Joux, soit 35 participants -17 personnes d’AFRICA 50, 14 de LHP dont 8 étudiants haïtiens, et 4 membres de l’EPI de Vaulx-enVelin, profitant de ce voyage pour faire plus ample connaissance. Lors de la réception, nous avons rencontré beaucoup de monde, notamment M. René EMILI, vice-président de la Communauté de Communes du Grand Pontarlier, qui nous a envoyé le texte de son allocution, plusieurs personnes de la région, comme notre ami Roland GIROD de l’Association « Les amis d’Haïti », d’autres venues de Paris (la PAFHA) ou de Suisse… Notre amie Elodie BARTHELMY (fille de Gérard et Mimi) nous avait rejoints depuis Chalon /Saône, accompagnée de sa soeur Clémentine.


Nous nous sommes rendus au mémorial de Toussaint Louverture, situé en contrebas du Fort, en évitant les plaques de neige, puis nous avons grignoté nos sandwichs en attendant la visite prévue avec la présidente du Château, Mme Laurène MANSUY. C’est avec émotion, dans le froid et sous la pluie, que nous avons visité les cinq enceintes fortifiées, puis la terrasse qui domine tout le paysage, et enfin la cellule où Toussaint a été enfermé sur ordre de Bonaparte : mobilier très sommaire (une petite table, un lit étroit, et une cheminée à côté de laquelle Toussaint a été retrouvé mort au matin du 7 avril 1803 – 9 mois après son arrivée). Dans la pièce mitoyenne, un magnifique buste de Toussaint en bronze, offert par un organisme haïtien, abondamment fleuri et cadre idéal pour les photos souvenirs !
Nous disons un grand merci à Mme MANSUY, qui nous a d’abord présenté un diaporama sur la vie de Toussaint à Saint-Domingue avant la révolte des esclaves, puis qui nous a guidés à travers les bâtiments en accompagnant la visite de ses commentaires très documentés.
En bref, une belle journée, malgré la pluie, le froid et les nombreuses marches à gravir !

Paul VERMANDE (Lyon Haiti Partenariat membre d’Africa 50)

Discours prononcé par M. René EMILI, vice-président de la Communauté de Communes du Grand Pontarlier

Au nom de la Communauté de Communes du Grand Pontarlier et de son président Patrick Genre qui ne peut être aujourd’hui parmi nous, et s’en excuse, avec Yves  Louvrier, maire de la Cluse et Mijoux, je vous souhaite la bienvenue au Château de Joux.

C’est avec un plaisir immense que je vous accueille et il me plaît de retrouver d’année en année des visages connus et des personnalités familières, coutumières de cette commémoration. D’autres personnes qui viennent ici pour la première fois, sont accueillies évidemment à bras ouverts.

Ce château qui a traversé les siècles depuis le XIe est tout un symbole. De repaire de brigands à ses débuts à monument historique/site touristique aujourd’hui, son imprégnation dans la vie des hommes de toutes ces époques a été telle que son existence est devenue indissociable de notre environnement local, régional, national ou international.

Ce qui fait, et c’est là le paradoxe de ce monument, que Joux est un rassembleur  dans le sens où il a accueilli et continu d’accueillir des femmes et des hommes de toutes conditions dans des situations très diverses. A la fois repaire, refuge, domaine seigneurial, protecteur, prison d’Etat, fort militaire, musée, il est le reflet, à travers sa vie, de notre propre histoire.

Dans cette symbolique de rassemblement on peut y trouver les légendes qui entourent le château : les Dames d’Entre-porte, le cheval d’Amauri et bien sûr Berthe de Joux, la Source Bleue. Mais on y trouve aussi hélas des moments sombres comme l’a été la prison d’Etat.

Prison ou mourût Toussaint Louverture le 7 avril 1803, et c’est ce qui nous rassemble aujourd’hui pour se souvenir de cet homme, devenu un autre symbole ô combien fort et puissant, puisqu’il s’agit de la Liberté. Maillon d’une chaîne de solidarité et de fraternité qui n’eut de cesse de se renforcer de maillons comme Aimé César, Léopold Sédar Senghor, Marin Luther King ou Nelson Mandella.

Toussaint Louverture, symbole de Liberté ! Lui qui naquit esclave et  mourût emprisonné dans une cellule de ce château.

Citons Jean-Rousseau  « l’homme est né libre » et il ajoute « et partout il est dans les fers ». ces premières lignes du Contrat Social nous posent la question : l’homme a-t-il vraiment brisé ses fers, est-il vraiment libre ?

Est-il devenu l’homme libre souhaité par les philosophes du siècle des Lumières, par les Victor Schoeler, Abbé Grégoire et autres Lafayette, Lamartine et Mirabeau qui lui aussi fût emprisonné en ce château ?

Nous croyons bien sûr que l’humanité a fait des progrès considérables dans cette voie, mais nous sentons bien que le véritable but est encore loin d’être atteint.

De toutes celles et ceux qui ont eu le mérite de défendre cette idée de la libération de l’homme en passant notamment par l’abolition de l’esclavage,

Toussaint Louverture est un des seuls à avoir connu la condition d’esclave. C’est cette prise de conscience d’être esclave qui lui a permis de briser ses fers.

Une société est malade lorsque les hommes qui la composent se demandent : « qu’allons-nous devenir ? » au lieu de se dire : « que devons-nous faire ? » il est probable qu’une pensée similaire ait pu germer dans la tête de Toussaint Breda réfléchissant sur l’avenir de son pays, Saint Domingue, et les conditions de vie de ses compagnons d’infortune. C’est son action qui nous fait dire que rien n’est jamais perdu tant que l’homme possède la force de penser et d’agir. La force mais aussi la volonté.

Et l’Histoire, l’Histoire de Toussaint Louverture s’est passée comme nous la connaissons, de la plantation Breda jusqu’à son transbordement sur le navire le Héros en 1802, direction Brest, ce qui lui fit dire : « en me renversant on n’a abattu à Saint Domingue que le tronc de l’arbre de la Liberté, mais il repoussera car ses racines sont profondes et nombreuses » pour arriver ici à Joux quelques jours plus tard et y décéder le 7 avril 1803.

Nous savons que la Liberté, toutes les libertés, appartiennent à ceux qui les défendent et non seulement à ceux qui se limitent à en parler. Toussaint Louverture s’est engagé dans cette voie, comme d’autres, alors n’ayons pas l’illusion de croire que nous sommes libres parce que nos ancêtres sont morts pour la Liberté. La Liberté n’est pas transmissible par héritage, il faut s’affranchir chaque jour pour devenir et rester libre. C’est là un bien qui ne s’avère précieux que lorsque l’on en a perdu l’usage.

Il en est des idées comme des éléments de la nature : lorsqu’elles sont solidement ancrées dans le ciment de la conscience, elles ne peuvent disparaître. Sans doute peuvent-elles connaître des périodes de reflux, d’effacement, mais la soif de liberté qui habite les hommes n’est pas prête d’être étanchée et ne le sera sans doute jamais.

C’est cela qui doit dicter notre attitude et motiver notre comportement en respect de toutes celles et ceux qui, comme Toussaint Louverture, ont été à la fois victimes, sous le joug de l’oppresseur, et artisans de la libération humaine. Comme eux, nous devons œuvrer sans relâche à l’avènement d’une humanité meilleure, plus éclairée et d’un monde plus juste pour tous.

Les chaînes d’anneaux de métal, lourdes, pesantes, blessantes jusqu’au sang, qui entravent les poignets et les mollets, ces chaînes qui font mal au corps et à l’esprit, n’ont d’une part pas totalement disparues, mais aussi et surtout elles sont remplacées par des chaînes tout aussi terribles, parce que moins visibles, que sont l’indifférence, l’exploitation humaine à outrance, le rejet par la force ou la contrainte, et abus d’autorité sur des personnes en situations de vulnérabilité. Ces chaînes là peuvent être aussi blessantes jusqu’au sang.

En ces temps où des relents de haine refont surface, où le racisme, l’intolérance, la violence s’ajoutent à l’égoïsme, l’égocentrisme , il nous faut puiser dans nos racines les plus profondes pour nous remémorer et remémorer au monde entier nos origines communes à tous. Cela veut dire qu’il n’existe qu’une seule et même race humaine sur cette terre, contrairement à l’assertion de certains. Notre devise républicaine, Liberté, Egalité, Fraternité, en est tout le symbole. Elle nous rappelle que nous devons continuer encore et toujours à participer à  l’amélioration morale, matérielle et intellectuelle de  l’être humain sans aucune distinction d’origine, de culture, de croyance et de condition sociale.

Pour terminer j’aimerais citer Victor Schoelcher :

  Disons nous et disons à nos enfants que tant qu’il restera un esclave sur la surface de la Terre, l’asservissement de cet homme est une injure permanente faite à la race humaine toute entière
…Victor Schoelcher…

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